Dans le cadre d’une commande publique à Cherbourg, je m’intéresse à la pratique de la ville de jeunes adolescents du Sud marocain fraîchement installés dans le quartier des Provinces à Cherbourg-Octeville. Quels sont leurs parcours urbains vers le centre-ville ? Comment voient-ils la place du Théâtre, la statue de Napoléon, les jardins et les collections du musée Emmanuel Liais ? Ces itinéraires interrogent la nature des lieux : qu’est-ce qu’une place, un monument ?
Ils posent aussi la question de l’hospitalité. Hospitalité de la ville de Cherbourg mais également de ma propre pratique photographique. J’en viens à concevoir un dispositif photographique où les images produites ne sont pas retranchées dans l’appareil mais entièrement réfléchies dans l’espace public. Je fabrique un caisson réfléchissant, une chambre-miroir que je promène dans les rues de Cherbourg et devant laquelle les passants sont invités à poser à la manière d’un studio ambulant. Ce dispositif produit une contrepartie immédiate pour les personnes photographiées en leur renvoyant leur image. Les portraits réalisés ne sont que des images dérivées d’images déjà réfléchies dans l’espace public. Photographies sans primauté dont le négatif ne serait en quelque sorte jamais entré dans l’appareil, n’aurait jamais été mis en boîte.